J’ai vu mourir à cause de l’alcool et je crois devoir le raconter, parce que le silence est dangereux et complice. Pour cela je veux vous faire part du déclin auquel j’ai assisté en très peu d’années, à fin que les exemples négatifs soient un avertissement pour ceux qui peuvent se laisser avoir.
J’ai été au début un témoin conscient de la situation et je suis devenu ensuite tristement inutile, face à un choix d’autodestruction, à une descente aux enfers qui nous affligeait: pas besoin d’être des médecins pour remarquer la figure aux joues creuses, les mains tremblantes, les yeux fiévreux et le ventre proéminent. C’est le destin qui a vécu un de mes proches, qui s’est retrouvé dans un gouffre qui l’a conduit à la fin. Cela s’est passé en une sorte de catatonie joyeuse, qui, maintenant que les obsèques ont eu lieu, me semble grotesque; les faits étaient parlants, sans pouvoirs être mal interprétés, et les mensonges pitoyables.