Le retour de la neige m’a fait revenir aux hivers de mon enfance ou, si vous le préférez m’a fait vivre les joies des enfants, dans mes habits d’adulte. Je n’ai pas envie de vous proposer les statistiques des derniers hivers, mais la sensation d’une saison caractérisée par de nombreuses et fréquentes chutes de neiges - cela était normal dans les années Soixante ou Soixante-dix - a été une agréable réalité. Depuis des années on vivait une sorte de désir inexprimé de neige, avec des hivers à peine blancs et bien plus chauds que d’habitude, ce qui rendait le paysage bien différent de celui de nos rêves. Par ailleurs voir une nature nue, dépouillée, sans neige, créait des situations inquiétantes, qui alimentaient les conversations classiques. Vous connaissez : «Les saisons ne sont plus le mêmes?» Personne ne peut dire ne pas l’avoir dit, peut être en ressentant tout de suite après l’envie de ne pas avoir prononcé une phrase tellement évidente, au point que le sourire l’accompagne toujours.
Je trouve que le retour de l’enneigement abondant au pieds des vallées et en hauteur a une double valeur, pour la collectivité et pour chaque individu. C’est ce qui caractérise les événements de la vie, partagés entre une dimension personnelle et intime, refermée dans le cadre des expériences qui n’appartiennent qu’à chacun de nous, et une dimension collective à plusieurs voix, qui recueille les idées et le patrimoine de la communauté. Il existe une sorte de frontière entre les deux, qui finit par créer osmose et continuité.