La montagne nous entoure, elle incombe et pénètre dans nos existences. Il y a un rapport direct entre le milieu naturel et la mentalité des peuples : nous sommes des montagnards par notre culture et par nos comportements. Cette compénétration est un trait distinctif - hic et nunc - pour nous comprendre et pour fonder, par conséquent, notre identité et notre rapport avec les autres. Dire «valdôtain» est comme sortir une carte de visite, qui nous caractérise et qui renvoie notre interlocuteur à une sorte d’appellation d’origine contrôlée qui atteste que nous sommes uniques et typiques. Il arrive en effet d’être conscients de cette originalité, dont nous avons une perception innée et qui nous semble donc évidente, seulement lorsque elle est perçue comme élément caractérisant par ceux qui nous approchent. Et pourtant parfois je doute de notre capacité de transmettre aux jeunes cet amour pour la montagne, qui est dans la fierté de notre appartenance, que nos parents nous ont transmis et qu’ils ont reçu en héritage à leur tour. Il ne s’agit pas d’imaginer des constrictions, en proposant une image pour reprendre les stéréotypes et le folklore du montagnard d’autrefois, comme le font les Indiens d’Amérique pour les touristes qui se rendent visiter les réserves dans lesquelles ils ont été enfermés. Il y a des éléments, tels que les promenades en montagne, les excursions, l’alpinisme, l’intérêt pour la nature qui nous entoure du point de vue esthétique, naturel, scientifique, qui devraient faire partie de notre patrimoine culturel et devraient correspondre au plaisir qui nous vient du fait d’être des montagnards. Mais sur cela je remarque une sorte de désintéressement des jeunes générations, comme si on dévalorisait cette réalité par rapport aux modèles qui nous sont proposés et imposés. Qu’il soit clair: toute nouveauté doit être considérée comme un enrichissement légitime de notre personnalité pour éviter de tomber, comme on le disait tout à l’heure, dans le stéréotype du bon montagnard, mais lorsque l’irruption de la mode et des tendances dévalorise des éléments fondateurs de notre personnalité, il est bien de s’y attarder. On trouve un exemple de cette situation dans une activité récente parmi celles qui caractérisent l’histoire de la montagne: le ski. On constate que le numéro des pratiquants, avant tout à Aoste, n’est pas encourageant, ce qui représente que la crise est bien réelle. L’abandon d’une activité sportive qui caractérise la montagne, et pour laquelle la montagne est le terrain naturel, est la preuve d’une éclisse de ce milieu dans son ensemble, qui pour un grand nombre de valdôtains n’est en quelques sortes que comme le décor de l’existence de chacun, à observer d’en bas. Il faut réfléchir sur cette situation, ce n’est pas une solution, mais nous pouvons être attentifs et semer dans la tête de nos enfants ou petits enfants quelques graines pour que les valdôtains ne se réduisent pas à des montagnards en papier, qui n’ont aucun vrai lien avec la montagne.