A chaque Congrès nous nous répétons la même chose: il faut être unis! Cela est à la fois tendre et naïf. Tous les discours faits ont repris cet argument, qui semble représenter la découverte de la lune. Cette répétitivité, qui devient même ennuieuse, cache le désir d’éloigner une peur bien réelle: celle du virus contagieux de la division, qui n’a rien d’eccentrique en politique et que nous avons vécu dans notre histoire passée et récente. Il serait bien que l’unité dans le pluralisme des idées constitue notre pain quotidien, et qu’on veille à ne pas instaurer la philosophie des nombres qui impose la volonté des plus aux autres. C’est un thème qu’il faut traiter avec attention, notamment si on appartient, et c’est notre cas, à une minorité linguistique et à un petit peuple, étant donné que le poids des nombres - s’il n’est pas modéré par une politique de tutelle de toutes les minorités - pourrait se répercuter sur notre réalité.
Je crois que la mise en jeu est très importante. Le nombre des votes ne correspond pas à celui des inscrits, nous avons des sections réduites au minimum, les propositions politiques et culturelles de la part du Mouvement sont faibles, les liens politiques en Italie et en Europe se font plus rares, nous ne nous confrontons pas dans les pages du Peuple sur les arguements concrets: ce sont des éléments auxquels il faut veiller avec inquiétude. Tout cela a l’air d’un paradoxe, au moins pour deux raisons. Tout d’abord, et c’est très sérieux, après de nombreuses années pendant lesquelles on a parlé de fédéralisme, souvent sans connaître l’argument, on ne peut pas nier que le thème ait pris une certaine ampleur (personnellement je peux le dire pour les nombreux étudiants universitaires qui m’ont demandé de les aider pour des mémoires sur le fédéralisme). Les partis italiens ne peuvent plus ignorer cette option institutionnelle et politique, qui par ailleurs est largement répandue en Europe et cela nous confirme la valeur des idées qui fondent l’existence même de notre force politique. De plus, d’importants hommes politiques - Formigoni et Galan pour le PdL, Chiamparino et Cacciari pour le PD - invoquent la possibilité de donner vie à des vrais partis territoriaux au Nord et ce n’est pas seulement pour répondre aux attentions croissantes pour la Lega. A part l’encrage dans l’histoire du SVP dans le Tyrol du Sud, le choix du Président du Trentin Dellai de donner naissance à une Union du Trentin est une marque des temps et de ses capacités politiques: la territorialité comme saine expression de la croissante demande d’une politique de proximité. Pour éviter de s’effondrer dans une politique provinciale et stérile qui se concrétiserait uniquement dans la recherche du consensus électoral, les partis territoriaux doivent créer entre eux un réseau, avoir des liens en Europe et faire grandir politiquement et culturellement leurs communautés d’appartenance. C’est une responsabilité qui n’a rien de simple, mais qu’il faut assumer avec conviction, en profitant du contexte politique général et en sachant que le moment économique difficile que nous traversons est un défi dans le défi, pour démontrer les potentialités et la force de l’autonomie spéciale.