L’analphabétisme est l’incapacité de lire et d’écrire. Si on le dit comme cela, ça a l’air simple, mais le contenu de cette notion a évolué avec les rapports entre les différents individus qui appartiennent à la société. C’est ainsi que, à la fin du XIXème siècle, on n'était pas considéré comme analphabète si on était capable de déchiffrer des mots ou d'écrire son nom. Il suffisait donc très peu. Les choses se sont compliquées avec la définition adoptée par l’Unesco en 1958 qui est beaucoup plus exigeante: elle déclare analphabète «toute personne incapable de lire et d'écrire, en le comprenant, un exposé bref et simple de faits en rapport avec la vie quotidienne». Vingt ans plus tard apparaît la notion d'analphabétisme fonctionnel: selon l'Unesco elle désigne tout individu «incapable d'exercer toutes les activités pour lesquelles l'alphabétisation est nécessaire au bon fonctionnement de son groupe et de sa communauté et aussi pour lui permettre de continuer à lire, écrire et calculer, en vue de son propre développement et de celui de sa communauté». A la même époque, on s'aperçoit qu'une partie de la population, après avoir été scolarisée, a perdu l'usage de la lecture et de l'écriture: pour rendre compte de ce phénomène, on utilise désormais le terme d'illettrisme (en italien on a souvent parlé de "analfabeti di ritorno"), alors que les analphabètes sont ceux qui n'ont jamais appris à lire et à écrire.
Cela ne suffit plus, aujourd’hui. En peu de temps la révolution numérique a investi nos vies. L’ordinateur à lui seul offre d’extraordinaires possibilités, grâce à de nombreux programmes, en mesure de gérer différentes activités. De plus avec Internet, il peut se relier à d’autres médias, tels que radio, télé, cinéma en créant un espace culturel unique et extraordinaire: on peut trouver musique, livres, plans et plein d’autres choses. Mais ces liens permettent aussi d’utiliser les e-mails, de téléphoner à des prix inférieurs, de se voir en vidéoconférence même si on est très loin, une formation scolaire et professionnelle n’importe où, la médecine à distance dans les aires marginales et d’accéder à des millions d’autres informations et utilités qui finissent dans votre ordinateur. Si nous ajoutons la richesse des possibilités offertes par les téléphones mobiles, les télés satellitaires les télés et radios numériques, il y a vraiment de quoi s’étonner. Mais on crée également de nouveaux obstacles: on emploie l’expression "fracture numérique" pour indiquer le phénomène qui risque d’isoler, en cas d’impossibilité de connexion, des communautés toutes entières et des individus. Mais cela implique également le risque de fracture culturelle, là où se développe un analphabétisme numérique, ou si vous le préférez informatique. Ne pas savoir utiliser les nouvelles technologies et les possibilités qui en dérivent pour l’étude, le commerce, les activités professionnelles, la socialité, la culture signifie être coupés du monde, comme les analphabètes du passé. Certes, comme pour la poule et l’œuf on ne sait pas par où ça a commencé, on peut affronter le problème de différents points de vue. Le réseau de connexion est un des points de départ possibles: différentes possibilités Wi-fi, la fibre optique, les lignes électriques; la complémentarité doit garantir l’ensemble du territoire. Mais, comme on l’a compris avec l’initiative "Un computer in famiglia", on doit disposer d’un ordinateur connecté au réseau et on doit fournir les éléments de base. J’ajouterais qu’il faut avoir aussi des contenus, donc ceux qui surfent doivent avoir des services auxquels accéder, en évitant une utilisation uniquement ludique et par conséquent limitée de ces nouvelles technologies. Il y a quelques temps, dans la revue française "Esprit" Laurent Sorbier écrivait: «comme l’avait prophétisé Nicholas Negroponte il y a quelques années, l’Internet est omniprésent dans notre quotidien, il est devenu un élément structurant de notre économie, la toile de fond de notre vie d’homo numericus. La coïncidence du succès immense et plus tardif que prévu de ces technologies auprès du grand public et d’un discours tendant à minimiser la portée des changements induits par cette diffusion très large des usages présente un risque majeur : tout est réuni, d’une certaine manière, pour que la révolution du numérique soit excessivement banalisée, cantonnée à ses effets les plus triviaux ». Il ajoute, et je partage son opinion: «désormais, l’ordinateur n’est plus une affaire de passionnés, professionnels ou amateurs, il s’est banalisé, il suffit d’en être un utilisateur plus ou moins averti pour avoir accès à ses avantages, sans prétendre comprendre le fonctionnement de l’informatique. Il est de ce fait devenu rare, et même incongru, qu’un auteur se flatte d’écrire sur le sujet des nouvelles technologies sans toucher aux outils. De même, le lecteur, sans maîtriser les conditions techniques qui lui permettent d’aller sur les réseaux, aura déjà probablement envoyé un mail, créé un site, contribué à un forum, téléchargé un article de journal, un morceau de musique, voire (parfois sans le savoir) piraté un film, etc.». Cela veut dire que la politique doit s’intéresser au problème, en sachant que des nouvelles formes d’agrégation politique naissent à travers les socials networks et la présence des hommes et des femmes politiques sur "Facebook" en est la preuve. La Vallée d’Aoste est un territoire difficile à couvrir et avec une population réduite, elle doit se préparer au défi et éviter de se laisser emporter.