«Miroir, mon beau miroir, dis-moi quelle est la plus belle de tout le pays?» Le miroir répondit: «Madame la reine, vous êtes très belle mais Blanche-neige est plus belle que vous». Nous connaissons tous cette phrase, que nous avons lue ou entendue dans le célèbre dessin animé. La reine jalouse devient une méchante sorcière et la pomme empoisonnée rappelle le fruit d’Adam et Eve: le symbole du péché qui priva l’humanité de l’Eden. C’est quelque chose de sombre qui flotte dans l’air avec touts ses aspects négatifs et qui sort du monde cristallisé des contes pour faire irruption dans notre vie de tous les jours. Sans vouloir paraître la petite vierge, et en sachant à quel point les défauts humains sont enracinés dans l’esprit des êtres humains (le mien en premier), je ne peux que me répéter: la jalousie est une sale bête. Un sentiment qui gâte les esprits et transforme les rapports humains en un mélange irrationnel de revendications et de misères. Elle est un virus contagieux qui se propage avec une rapidité inattendue et qui, en frappant même ceux qui pensaient être immunisés, menace les rapports entre les individus, aussi bien les plus superficiels que ceux qui représentent une solide amitié.
Tout cela, dans une communauté aussi petite que la notre qui apparaît encore plus minuscule et fragile face à la crise brutale à laquelle nous devons faire face, nous oblige à une réflexion sur la nécessité de mettre de côté les divergences, au nom de la cohésion nécessaire en une saison pleine d’inquiétudes et de préoccupations. Le rappel aux règles devient fondamental, parce que ce sont les règles, dans les rapports réciproques, qui fixent les choses à faire et celles à éviter. Sans règles nous sommes au Far West et tous les comportements sont légitimes. Je sais qu’on peut paraître ridicule et peut-être ingénu si on évoque les sentiments et pour ainsi dire les valeurs "patriotiques" qui semblent parfois vaciller devant une crise d’identité qui trouble chacun de nous et qui risque de défigurer notre communauté. Mais si je l’écris c’est que, même dans notre Mouvement, je perçois ce virus qui enchaîne la tentation de se séparer plutôt que de rechercher les points communs, qui naturellement existent. Vivre ensemble est fatiguant, notamment lorsque les jalousies, évoquées avec l’image du miroir, détruisent le respect réciproque qui est à la base de touts les accords, même en politique. Toutefois il ne faut pas se faire des illusions, et cela est prouvé par des blessures encore fraîches, à propos du fait que les incompréhensions profondes soient exorcisées par des opérations d’apparence, ou par des embrassons-nous hypocrites. Les mensonges ont les jambes courtes et on reconnaît vite le loup déguisé en agneau. La crise accentue la nécessité de partager (ce que les Romains appelaient "l’idem sentire de republica"), voilà la clé de lecture. Le sens de responsabilité précède le bon sens qui - lorsque les risques incombent - pousse à faire connaître les choses à tout le monde, notamment à ceux qui ont de leur côté des connaissances et des expériences. Parce que chez nous - mais surtout en dehors de notre Vallée, frappant à nos portes - on voit une réalité dure et difficile, qui peut blesser à mort une grande partie de nos convictions et de nos habitudes, y compris, le bien-être moyen dont nous sommes fiers.