L’indifférence est une sale bête. En politique ce mot définit au millimètre près le phénomène de l’abstention. Dans le passé, et il faudra y réfléchir attentivement pour les prochaines élections régionales, au Royaume Uni les travaillistes, après de nombreuses années à l’opposition, gagnèrent sur les conservateurs justement parce qu’ils réussirent à rattraper, un siège après l’autre, le vote de tous ceux qui avaient abandonné ce droit, pour des raisons différentes. Pour les élections européennes le risque augmente: d’une part parce que la politique et ses vicissitudes ne sont pas une mode pour l’opinion publique et d’autre part parce que l’Europe, et je m’en plains, semble être loin des problèmes que les citoyens vivent tous les jours. La crise économique, de plus, a un poids très lourd, et elle crée un malaise qui s’ajoute à ceux des populations: les mois futurs seront encore difficiles. Le vote pour les européennes, au contraire, est important et j’irai voter. Ce n’est pas seulement un devoir, pour ceux qui croient, malgré tout, au procès d’intégration européenne, mais c’est aussi une manière pour être fidèles à notre Mouvement politique qui a démocratiquement exprimé une alliance et une candidature.
Je souhaite que le résultat du vote permette à Aurelio Marguerettaz de vivre la même expérience, extraordinaire et passionnante, dont j’ai eu la chance de profiter: être un membre du Parlement européen. Encore aujourd’hui je rencontre des gens qui me reprochent ne pas avoir essayé d’aller à Strasbourg en 2004, en préférant rentrer une année plus tôt en politique régionale. C’est un choix qui a été longuement réfléchi et qui a trouvé son approbation dans le nombre de votes qu j’ai obtenus. Toutefois, il serait bête de nier à quel point et de quelle manière cette expérience ait enrichi ma formation du point de vue politique et humain. Elle m’a permis, même grâce à mon rôle de représentant au Comité des Régions qui dure toujours, de cultiver des connaissances et des amitiés dans le domaine communautaire. L’Union européenne n’est pas un phénomène passager. Il s’agit d’un grand projet qui avance avec des hauts et des bas. Souvent le procès d’intégration, notamment lorsque le centralisme de Bruxelles semble suffoquer notre autonomie, nous fait souffrir, mais l’engagement européen est la seule alternative qui permettra de relever la barre et nous conduira vers une Europe des Régions. Je suis certain qu’on verra un jour où les Etats nationaux laisseront la place à une citoyenneté européenne, riche et vivante, liée à de nouvelles formes d’agrégation politique, lorsque les frontières, qui physiquement ont déjà disparu, disparaîtront également de nos têtes. Et je le dis aux nationalistes qui trouvent difficile comprendre que la clé du fédéralisme que nous interprétons permet de faire coexister un projet européen aussi grand et une Vallée aussi petite que la notre. Le vote est cela aussi: c’est avoir au sein du Parlement une voix directe qui vient de notre Vallée d’Aoste et qui pourra interpréter cette profonde aspiration qui nous anime.