Nous n'avons pas tous les mêmes goûts, pour la politique comme pour toutes les activités humaines. La différence, dans le domaine de la politique, est dans le fait que les mécanismes démocratiques, qui sont complexes, devraient permettre des moments de synthèse. Je le dis avant tout pour dédramatiser, car je remarque un paradoxe. Alors que le climat au sein du Conseil de la Vallée est caractérisé par politesse et bon sens, fort différent de celui de la précédente Législature dans les tons et dans les excès, il me semble parfois que nous sommes trop sévères entre nous, bien plus que ne le sont les autres. Je crois qu'il y a une petite confusion dans la définition des mots ami et ennemi, comme si - dans une logique semblable à celle de Fantozzi - nous cultivions le goût pour l’auto-mutilation. Alors que, au contraire, des règles élémentaires de vie commune et de tolérance réciproque pourraient nous aider à réfléchir au fait qu'on a de vrais ennemis, qui sont aguerris et prêts à utiliser nos faiblesses contre nous. La plus grande de ces faiblesses est notre difficulté, croissante à mon avis, bien qu'elle soit effacée par l'opportunisme de ce moment, de régler les contrastes de manière raisonnable, en prenant le temps nécessaire pour trouver des solutions partagées, parce que les diktats, comme le fait d’être pressés, ne donnent jamais rien. Il ne s'agit pas d'être œcuméniques, juste d'être intelligents.
Si nous suivons l’histoire de notre Mouvement, nous pouvons y lire de manière assez limpide aujourd'hui, les différentes phases historiques et les visions du moment, ainsi que les alliances avec lesquelles - même au sein du parti - les amis deviennent des ennemis et vice versa. Personne ne crie au scandale: pendant les premières années de l'Autonomie on passa d'un front commun, qui porta à la naissance de l'Union, à deux grands courants dominants. La DC fut une alliée de notre Mouvement au début; avec un brusque retournement ensuite ce fut le tour du PCI: chien et chat… L'histoire peut apprendre, mais elle ne se répète jamais. Aujourd'hui, par exemple, il est difficile de comprendre où vont les partis italiens qui ont changé rapidement à la fin des années '80 avec la chute du mur de Berlin et ensuite, au début des années '90 avec "Tangentopoli" et les modifications que cette circonstance entraîna à droite comme à gauche. Personnellement je crois que l'évolution ne s'est pas arrêtée et le cadre de la partitocratie italienne est donc prêt à de nouveaux changements. Voilà pourquoi je crois qu'il est nécessaire, avant tout le reste, de comprendre qui nous sommes et où nous allons. Se regarder au miroir signifie regarder soi-même, pas les autres. Je trouve que les valdôtains sont en train de changer profondément: un processus rapide qui est à mon avis irréversible pour bien d'aspects. Où voulons-nous aller? Sommes-nous sûr de la route que nous voulons parcourir? Les congrès, dans leur ritualité, ne sont plus suffisants à mon avis ainsi que les traditionnelles visites dans les sections. J'ai l'impression que nous tournons en rond et que les inscrits à eux seuls, puisque les votes que nous obtenons ne correspondent jamais à la participation aux choix, risquent de ne pas représenter les espoirs et les perspectives de notre communauté toute entière. Il faudrait penser à de nouveaux moments d'agrégation et de confrontation pour éviter de nous retrouver un jour dépassés par la réalité des faits et des événements.