I nomi dei luoghi - la toponomastica - sono una "macchina del tempo", che consente di capire, nello studiare la semantica delle parole, le stratificazioni culturali succedutesi in un certo posto. Il "Corriere della Valle" ha pubblicato qualche settimana fa un acuto articolo, intitolato "Quelques observations à propos de la toponymie" di un savant valdostano, noto anche per il suo impegno politico del passato, Joseph-César Perrin, oggi presidente della "Académie Saint-Anselme", antica istituzione culturale valdostana. Ricordando recenti polemiche, scrive Perrin: "Tout récemment le conseil communal d'Aoste a adopté, à la pluralité des voix (19 favorables: majorité et PD; 7 abstenus: Alpe et Sinistra per la città), la graphie des hameaux et quartiers de la commune, qui devront être officialisés par un décret du Président du Gouvernement régional. Cela a soulevé sur la presse locale et italienne et sur la Toile les récriminations de certains journalistes pour lesquels on assisterait à une «francisation» forcée des toponymes, à des faux historiques, à une volonté d'effacer le francoprovençal et l'italien. Il est donc opportun d'apporter, avec toute la sérénité possible, quelques observations". Qui Perrin inanella un ragionamento cartesiano: "Le scandale viendrait du fait qu'on a adopté les toponymes "Le-Quartier-de- la-Doire" et "Le Quartier-Cogne", ajouté le z final à certains noms atones, effacé la présence du patois... Tout cela et d'autres choses méritent une analyse sereine et sans parti-pris. Sollicité en 1991 par une interpellation qui demandait d'officialiser les noms des «villages, hameaux et cours d'eau de chaque commune valdôtaine», le Gouvernement a installé en 1996 auprès du Bureau Régional pour l'Ethnographie et la Linguistique une commission consultative pour la toponymie; celle-ci, formée d'experts en linguistique, ethnographie, paléographie, histoire, dialectologie et langue walser, propose pour les communes qui en font la requête la graphie à adopter mais, pour ce faire, elle se penche longuement sur les enquêtes orales conduites par les chercheurs du "Brel" ainsi que sur une recherche historique pour connaître quelle a été l'éventuelle évolution de la graphie de ces toponymes au cours des siècles. Ses propositions sont donc justifiées par l'histoire, par l'usage et par la scientificité. Pour établir la graphie il y avait évidemment deux possibilités: a) adopter le code linguistique italien, celui dont en 1939 s'est servi le fascisme qui nous a donné les Cormaiore, Aimavilla, Alleno, Sant'Eugendo, Ciambava, Camosio, Mongiove, Brussone, Pianboseto, etc., sans parler des Porta Littoria, Sala Dora, Campo Laris...; italianisations qu'en 1945 le premier président du Conseil de la Vallée, le professeur Federico Chabod, s'est empressé d'effacer pour «ripristinare nella forma originaria» nos toponymes; b) une graphie patoise, ce qui aurait pu entraîner des cas d'incompréhension; c) ou bien opter pour le code français, ce qui a été fait à juste raison. En effet, c'est la diglossie patois/français qui de tous temps a régi la graphie des toponymes valdôtains dans lesquels la forme orale francoprovençale a toujours eu son correspondant en français, certainement pas en italien. Il en a été ainsi depuis que nous les rencontrons dans les premiers documents: Mordzé devient Morgex, Dzegnou Gignod, Tsambava Chambave, Tsatillion Châtillon et ainsi de suite; et il en fut de même pour les patronymes: Blantset Blanchet, Dzerballa Gerbelle, Grandze Grange…". Prosegue così la spiegazione del metodo scientifico adottato: "Les toponymes adoptés se rapprochent autant que plus possible à l'usage courant, essayent de ne pas trop s'éloigner de la prononciation francoprovençale et respectent les particularités linguistiques de certaines communes (Basse-Vallée en particulier). Rien de nouveau n'a été inventé: ce sont exactement les mêmes critères suivis par la commission qui a officialisé la graphie des noms des communes en 1976. On reproche aussi l'emploi du z final qu'on aurait employé pour rendre certains toponymes semblables au français. C'est exactement le contraire. Le z final est une particularité de toute l'aire francoprovençale et c'est justement pour respecter cette spécificité qu'il est introduit. Sans être linguistes, on sait que tous les mots français sont oxytons (accent sur la dernière syllabe) ce qui souvent n'est pas le cas du francoprovençal. Or dans l'aire linguistique francoprovençale l'ajout du z - qui ne se prononce pas - a justement la fonction de rendre atone la dernière syllabe: La Bioulaz et non La Bioulà, Bondaz et non Bondà, Touscoz et non Touscò, La Riondaz et non La Riondà, etc. À propos de ce dernier toponyme présent à Saint-Martin-de-Corléans, qui au cours des années 60 du siècle dernier avait été transformé en L'Arionda, je signale qu'on le rencontre déjà à la fin du XIIIe siècle quand il apparaît sous la forme latinisée de Rionda et non Arionda: infra clausum de Rionda, res illorum de Rionda, res Roberti de Rionda… (cf. "Liber reddituum capituli Auguste", publié par A.M. Patrone en 1957). Celui-ci n'est qu'un exemple de la persistance de nos toponymes au cours des siècles, continuité à laquelle la commission pour la toponymie s'inspire dans son travail et ses propositions. Un dernier mot reste à dire sur le patois. Il n'a pas été oublié. En effet, la nouvelle loi régionale portant sur la toponymie votée en 2012 et qui avait été démocratiquement discutée avec le "Celva" a accueilli une série de suggestions avancées par cette institution et, entre autres, elle permet aux communes qui le désirent d'ajouter au toponyme officiel en français celui en patois (dont la graphie devra être établie par le "Brel" pour ne pas commettre des fautes grossières). Cela s'est déjà produit pour la commune de Valtournenche qui a proposé la double graphie. D'autres accusations sont ridicules: comment peuvent-ils reprocher l'emploi en français du nom de certaines villes italiennes, lorsqu'euxmêmes emploient Parigi, Lione, Digione ou Marsiglia? Pas besoin de commentaires!". Eccoci dunque alla conclusione del ragionamento: "Quant aux deux quartiers susdits, qu'on se tranquillise: ce ne sera pas leur «francisation» qui dérangera leurs habitants. Il s'agit, en général, de personnes immigrées qui au Val d'Aoste ont trouvé du travail et du bien-être et ils en sont reconnaissants et, très souvent, plus Valdôtains que certains Valdôtains. Et que les italianisants à outrance se tranquillisent, eux aussi. Le nôtre n'est pas du «sciovinismo», ni une «assurda francesizzazione a tappeto, senza alcuna attenzione alle "ragioni storiche" [quel toupet de la part de qui ne connaît pas notre histoire!] et encore moins un «integralismo francofono da operetta». Ce n'est que l'affirmation d'un droit d'une terre jadis entièrement francophone qui aujourd'hui veut garder ce qui est encore possible de sa personnalité et résister à la volonté d'imposer l'uniformité à tout prix. L'«unità d'Italia» ne sera pas mise en cause si les rues d'Aoste portent aussi la dénomination en français et si les hameaux de la ville ont finalement une graphie correcte et cohérente avec celle des communes". Il tono pacato invita al dialogo su un tema che non deve assumere coloriture ideologiche e neppure diventare occasione per fare di temi seri una caricatura perenne. Non è un caso se la toponomastica sia una competenza esclusiva della Regione: agli albori dell'autonomia i casi di italianizzazione forzata dei toponimi locali, voluta dal fascismo, erano ancora freschi di misfatto. In fondo che oggi se ne discuta vivacemente, anche se al contrario, è comunque frutto dell'autonomia speciale.